En 2025, l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) continue d’évoluer, à la croisée des enjeux sociaux, économiques et professionnels. Si cette aide financière est un dispositif essentiel pour les personnes en situation de handicap, son articulation avec l’emploi reste un défi de taille. La volonté politique récente de favoriser l’autonomie des bénéficiaires actifs s’est traduite par plusieurs réformes majeures. Dans ce contexte, quels changements concrets ont émergé, et avec quels effets sur la vie des allocataires actifs ? On vous explique.
Depuis le 1er avril 2025, le montant maximal de l’AAH a été revalorisé à 1 033,32 euros par mois pour une personne seule sans revenus. Cette augmentation de 1,7 % par rapport à 2024 suit le rythme de l’inflation, garantissant un maintien du pouvoir d’achat des bénéficiaires. Par ailleurs, les plafonds de ressources ont également été rehaussés, atteignant 12 400 euros par an pour une personne seule et 22 444 euros pour un couple. Ces ajustements, bien qu’attendus, ne constituent pas à eux seuls une transformation profonde. L’impact réel sur les allocataires actifs repose davantage sur les mécanismes d’incitation à l’emploi et les réformes structurelles.
L’une des évolutions les plus structurantes reste la déconjugalisation de l’AAH, entrée en vigueur en octobre 2023. Ce changement a marqué un tournant majeur pour les allocataires en couple, puisque les revenus du conjoint ne sont désormais plus pris en compte dans le calcul de l’allocation, comme l’explique Medisite.fr.
Pour les bénéficiaires exerçant une activité professionnelle, cette réforme se traduit par une meilleure reconnaissance de leur autonomie financière. De nombreuses personnes, notamment des femmes vivant en couple, ont ainsi vu leur droit à l’AAH rétabli ou leur montant augmenté, ce qui favorise une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle.
Le système d’abattement appliqué aux revenus professionnels a été affiné pour encourager les parcours progressifs vers l’emploi. Concrètement, les premiers revenus d’activité sont fortement abattus :
Ce mécanisme permet aux allocataires de percevoir une rémunération dans le cadre de leur activité professionnelle, tout en conservant une part significative de leur AAH.
Par ailleurs, lorsqu’un allocataire commence une activité salariée, il bénéficie d’un cumul intégral avec son AAH pendant les six premiers mois.
En parallèle, une intensification des dispositifs d’accompagnement vers l’emploi est menée. En 2025, l’Agefiph et les Cap emploi continuent de jouer un rôle central dans l’orientation et le soutien des personnes en situation de handicap. Des subventions spécifiques pour l’adaptation des postes de travail ont été renforcées, notamment pour les travailleurs dont le taux d’incapacité se situe entre 50 % et 79 %.
Les données récentes témoignent d’une dynamique en demi-teinte. D’un côté, le nombre de personnes handicapées en emploi a progressé de 12 % entre 2023 et 2024 (selon une source de l’INSEE), atteignant 1 352 000 individus. Le nombre d’embauches, lui, a légèrement augmenté (+2 %), traduisant une ouverture progressive du marché du travail. Le maintien dans l’emploi a aussi connu une amélioration, avec une hausse de 9 % des situations préservées grâce à des aménagements ou à des suivis personnalisés. Ces avancées démontrent l’efficacité partielle des nouveaux outils mis en place.
Cependant, des limites persistantes nuancent ces résultats. Le taux de chômage des personnes handicapées reste élevé, à 12 %. Plus préoccupant encore, la moitié des demandeurs d’emploi handicapés sont en situation de chômage de longue durée, dont 19 % depuis plus de trois ans. Cette stagnation s’explique notamment par la difficulté à recruter dans certains secteurs, un manque de formation adaptée, et la persistance de discriminations à l’embauche.
Pour les allocataires actifs de l’AAH, ces constats sont ambivalents. D’un côté, les évolutions de 2025 offrent des leviers nouveaux pour accéder ou se maintenir dans l’emploi tout en conservant un socle de revenu stable. De l’autre, les obstacles à l’insertion demeurent nombreux. Le cumul emploi et AAH reste complexe à comprendre pour certains bénéficiaires, notamment dans la transition entre emploi protégé (type ESAT) et milieu ordinaire.
Enfin, les perspectives pour 2026 s’annoncent décisives. L’enjeu sera d’amplifier les efforts de sensibilisation auprès des employeurs, de simplifier les dispositifs de cumul pour les rendre plus lisibles, et de renforcer l’accompagnement personnalisé des demandeurs d’emploi handicapés. Une évaluation nationale de la réforme de la déconjugalisation est d’ailleurs attendue, afin d’en mesurer l’impact réel sur les trajectoires d’insertion professionnelle.